Le Verdon tomorrow : des projets délirants

Publié le: 9 novembre 2007

Catégorie: Infos générales

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LE VERDON DEMAIN – LE VERDON TOMORROW
1974
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Dessin extrait d’une luxueuse plaquette publicitaire éditée par Le Port Autonome de Bordeaux en 1974. On peut qualifier ce projet de délirant. On remarquera les nombreuses industries bien polluantes. Seul le quai à porte- conteneurs a été réalisé.(En bas à droite sur le dessin). Le château d’eau du Verdon est un peu plus haut..

 
Le port méthanier ne va-il pas relancer ce projet, vieux de 33 ans 

Le passé explique-il le présent et laisse-il entrevoir le futur ?
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    Pour, répondre à cette question,  ce rappel de quelques évènements et faits avérés qui ont concerné l’estuaire et le Nord-Médoc ces trente cinq dernières années.
 
   On sait que Le VERDON a toujours balancé entre tourisme et industrie sans jamais réussir à pencher d’un côté ou de l’autre.  A la fin des années 60, la Mission Interministérielle d’Aménagement de la Côte Aquitaine ( la M.I.A.C.A),  prévoit l’aménagement de 8 unités touristiques entre la Pointe de Grave et la frontière espagnole. L’unité n° 1 concerne le VERDON et SOULAC et le premier secteur d’équilibre naturel (SEN A) plus au sud.
 
    En 1974, le Port Autonome de Bordeaux (PAB) lance un projet industriel grandiose,, intitulé  » LE VERDON DEMAIN – LE VERDON TOMORROW ».  ( Voir le dessin ci-dessus)
 
    Le 6 juin 1975 parait dans SUD-OUEST un article intitulé   » COTE AQUITAINE :  OU EN EST-ON ? ».  Il fait le point sur l’état d’avancement des unités d’aménagement prévues par la MIACA. Pour ce qui est de l’UPA n° 1 on peut lire :
 
     « Le port de plaisance du VERDON (1500 bateaux) figure parmi les 10 opérations à réaliser sur la côte d’ ‘ici 1980. D’une manière générale, l’ avenir touristique de cette unité semble s’effacer  au profit d’un développement de la zone industrialo-portuaire. Dans l’immédiat les travaux d’assainissement et la voirie vont se poursuivre à SOULAC dont la restructuration reste envisagée ».
 
    Autrement dit l’aménagement touristique du Nord Médoc a été stoppé par le projet du PAB.
 
    En revanche l’UPA n° 2 a pu se réaliser. Il s’agit d’HOURTIN- Bourg et HOURTIN- Port. Citons encore l’unité de LACANAU, de SEIGNOSSES plus au sud etc.
 
    Pendant ce temps, le VERDON et SOULAC voyaient le début de travaux coûteux pour agrandir le terre-plein destiné à la grandiose zone industrielle projetée. Nous sommes en 2007, 33 ans après, et pas une seule entreprise industrielle n’est venue s’installer sur ces terrains gagnés sur l’anse de la Chambrette.
 
    Par contre, l’activité ostréicole qui faisait vivre des centaines de personnes, et tous les commerces des petits villages de la pointe du médoc a été sacrifié, pour rien, par la folie des grandeurs du PAB.
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    Une darse sur les 4 prévues a été creusée. Cela a nécessité le découpage d’un torpilleur allemand coulé à la fin de  la guerre. Tout cela a coûté cher, très cher, pour rien..
 
    La darse s’est comblée et le projet n’a jamais vu le jour. Pourtant il était grandiose, pharaonique. (Voir toujours le dessin ci-dessus): des quais, des industries, bref, une vraie zone industrielle avec …des industries ! Le rêve verdonnais….
  
     En 1976, le poste à conteneurs  est inauguré avec un slogan (ridicule ?) étalé sur des affiches grand format,   » LE VERDON : LE MONDE A UN NOUVEAU PORT ». Pendant quelques temps une vingtaine de porte-conteneurs font escale tous les mois, actuellement il ne vient que 2 ou 3 navires par mois. Un portique de déchargement sur les 3 vient même d’être démonté.
 
     Dans l’euphorie du moment on construit même la cité des dockers qui devaient desservir le nouveau « port du monde ». Elle devait recevoir 40 familles. C’est aujourd’hui une résidence de vacances.
 
    Les dirigeants du PAB ont multiplié  les tentatives pour redorer le  blason du port, tentatives qui ont toutes échouées. Citons en quelques-uns unes.
 
    Outre le quai à conteneurs le PAB a construit un quai pour les navires Roll-on, Roll-off, des navires qui s’ouvrent à l’avant ou à l’arrière pour le chargement ou le déchargement.
 
     Pour cela   le PAB a acquis  le brevet MAC GREGOR qui concerne une  sorte de rampe flottante dotée de ballasts  et d’un ordinateur pour maintenir cette rampe de manutention toujours au niveau de la porte de ce type de navire malgré la hauteur de la marée et l’allègement ou l’enfoncement du navire. L’idée était bonne. Coût dans les années 70, 2 milliards de centimes de l’époque. Ce  matériel très sophistiqué s’est  cassé (l’axe) à la première houle. Les ingénieurs avaient simplement oublié qu’au Verdon, il y a souvent de la houle et du vent ( un oubli à méditer quant à la faisabilité du projet méthanier !…). Encore un échec coûteux. Ramenée à Bordeaux, la « MAC GREGOR » a été vendue au prix de la ferraille.   
    
    Actuellement, le port autonome de Bordeaux occupe la 7 e place au classement général des ports français. C’est dire qu’il a besoin de se doper, au gaz méthane par exemple….   
 
     Il se place derrière Marseille, le Havre, Dunkerque, Calais, Nantes et Rouen. Il est talonné par La Pallice.
 
    Sans remonter au XVIII e siècle où Bordeaux était  le premier port français, il y a quelques décennies seulement il occupait la troisième place. Certes l’arrêt du trafic pétrolier lui a fait perdre 5 millions de tonnes de trafic qu’il n’a jamais pu rattraper. Depuis 30 ans le trafic reste à 8 millions de tonnes, et les autres ports l’ont dépassé. Le PAB stagne. Par exemple il n’a jamais pu obtenir le trafic du premier exportateur d’ Aquitaine !
     
    Autre exemple du manque de réussite du PAB :  Une vaste forme de radoub construite à Bassens en vue de recevoir de grosses unités en réparation. Elle a servi, un temps pour la construction d’une plate-forme pétrolière par l’entreprise Ponticelli. Depuis la cale sèche sert à échouer de petits navires.
 
    Il y a eu aussi la création de la zone industrielle au VERDON où pas la moindre entreprise n’ est venue s’installer sans doute à cause du prix de location des terrains gérés par le PAB. Rapidement cette zone a été débaptisée et nommée zone portuaire.    Et puis, il y a eu, il y a quelques années, la création d’une zone franche, encore un échec.
 
    Bref, les initiatives des dirigeants du PAB n’ont pas eu beaucoup de succès au Verdon notamment. Et combien d’emplois le PAB a-t-il détruits en supprimant l’ostréiculture, en empêchant la réalisation touristique importante prévue par la MIACA en 1974 pour réaliser une zone qui n’a jamais été réalisée et….même au PAB des emplois ont été perdus ?.
Rappelons à ce sujet les licenciements de personnel du PAB au début des années 90. Plusieurs centaines d’emplois ont été supprimés. Un élu, membre de droit du Conseil d’Administration a même voté ces licenciements.
 
       Ses dernières années  le tourisme et la dynamique qu’il crée au niveau de toutes les activités locales ( commerces, artisans, activités de services ) semblait l’emporter une bonne fois pour toutes avec la création de « PORT-MEDOC » et des constructions comme VERTMARINES l’expansion de campings, la création envisagée du quartier du port etc. Et 4GAS est arrivé et les dirigeants du PAB ont sauté sur l’ aubaine car seul compte pour eux le tonnage de trafic. Avec le complexe méthanier c’est 20% de trafic de plus assurés pour 15 ans En outre c’est facile et sans concurrence…..et ça peut rapporter gros ( si du moins le contexte spéculatif favorable au GNL actuellement se maintient jusque là, ce qui est loin d’être une certitude !)
 
     Question : Le Port Autonome de Bordeaux n’est-il pas en train de tenter de nouveau, sans vergogne et avec la complicité de 4GAS, de réaliser son rêve vieux de 33 ans : Le VERDON DEMAIN, LE VERDON TOMORROW ????
 
   On commence par 3 cuves,  on laisse entendre qu’il y en aura d’autres. Et pourquoi pas des industries bien polluantes comme la DOW CHEMICAL dont le VERDON a réchappé de peu il y une vingtaine d’années, pourquoi pas une usine d’incinération pour traiter les ordures de Bordeaux comme à Fos sur mer (une fois pollué, un peu plus, un peu moins !…). Des industries propres ne voudront pas côtoyer un site SEVESO 2   SEUIL HAUT et toute l’économie actuelle le la pointe du médoc sera remise en question…
 
    Quant aux habitants de la Pointe du Médoc ils ont du souci à se faire. Si ce funeste projet voit le jour , vivront-ils aussi vieux qu’actuellement ( voir les avis de décès) ? Réponse dans 15 ou 20 ans, comme pour l’amiante les dégâts de la pollution sur la santé sont à longue échéance et en l’occurrence cela arrivera sans que l’on s’en rende compte, le gaz méthane étant inodore.
 
      A méditer….pour que cela n’arrive pas !
 
 
Pierre COUTEAU 
 
 
 

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3 commentaires pour Le Verdon tomorrow : des projets délirants

  1. Barrier dit :

    Merci pour cet article édifiant. Tout laisse bien penser à un gigantisme envisagé par certains qui vivront loin de ces lieux. Sans même prendre en compte les problèmes de santé,le bilan était déjà bien assez négatif à l’échelon régional.Je voulais rajouter que ces les habitants de la rive droite, relativement proches, auront droit eux aussi aux molécules cancérigènes transportées par les vents.  Les industries chimiques de transformation nous en promettent  hélas beaucoup. Les personnes qui espèrent travailler dans ces sites, y ont elles pensé?Le principe de précaution va t il faire réagir dans le bon sens Monsieur le préfet de Gironde?

  2. François dit :

    Merci de nous apporter tant d’informations.De tels articles nous donnent du recul et nous permettent de voir à quel point le PAB est un vendeur de chimères…A l’heure actuelle, le PAB au Verdon, ce n’est pas plus de 17 emplois. Comme nous l’avons constaté durant tous les débats, il y a toujours beaucoup de distance entre les discours du PAB et la réalité.

  3. JD Millet dit :

    Ca donne la nausée! Par ailleurs, si on lit bien le cahier d’acteur du MEDEF sur le site de la CPDP, c’est ce qui est voulu par le patronat bordelais : faire vivre le site industriel du verdon. Tout concorde avec faire revivre « Le Verdon Tomorrow »!Continuons à lutter contre ceux qui se trompent d’époque, de contexte économique et écologique.