Nurserie et écloserie : des infos

Publié le: 23 février 2024

Catégorie: Divers, Pure salmon

Vues: 4180

Nous avons organisé une réunion le 12 février 2024 au Verdon sur Mer pour évoquer les sujets de l’écloserie et de la nurserie du projet d’élevage Pure salmon.

Représentaient EPT : Françoise Moreau Francoise Richard Véronique Prince Monique Chéruette Nicole Badot Maryse Sinsout Christian Haas et Patrice Durbain

Représentaient Pure Salmon : Frédéric Carlier Pure Salmon France et Hugo Renda chargé de mission construction, responsable de l’écloserie

Notre objectif était évidemment de comprendre comment fonctionnaient une écloserie et une nurserie. Nous avons posé un maximum de questions de façon à pouvoir apporter des réponses à nos adhérents. Notre processus est simple et confirme notre stratégie : comprendre afin de mieux appréhender ce projet de ferme d’élevage de saumons.

Les œufs proviennent du fournisseur de Pure Salmon situé en Islande situé à 45 min au sud de l’aéroport de Reykjavik. Les œufs voyagent en avion dans des contenants isothermes pour une durée totale de 48 à 72 h. Les œufs arriveront à l’aéroport de Bordeaux puis seront acheminés jusqu’à la ferme de Pure Salmon via un transport routier qui lui se fera en interne.

À la réception des boîtes d’œufs, les boîtes sont désinfectées à l’iode avant de rentrer en salle de production (Phase eau douce).

Dans la salle de production recevant les œufs (l’écloserie) une zone délimitée servira à la désinfection des œufs à l’iode. Au même moment, un contrôle de la température et de la qualité des œufs sera réalisé afin d’attester la bonne conformité du lot. Un traceur température est disponible dans les boîtes afin d’avoir une traçabilité concernant la température durant tout le trajet des œufs, d’Islande jusqu’à Bordeaux.

La ferme fonctionnera avec 5/6 lots / an, soit 400 000 œufs par lots. Après désinfection des œufs et attestation de la bonne conformité de ces derniers, les œufs seront acclimatés puis mis dans des armoires californiennes (Comphatch), ce qui marque le début du cycle d’élevage.

3/4 jours avant le départ des œufs un certificat vétérinaire est transmis à Pure Salmon. Ce certificat délivré par les autorités islandaises atteste de la bonne santé du lot et garantit des œufs indemnes de toutes maladies. Ce document est accompagné d’un document de traçabilité montrant l’origine des œufs. Cette origine est caractérisée par plusieurs numéros de lots servant à identifier les parents mâles et femelles. Ces numéros de lot sont extrêmement importants et obligatoires. Ils servent à avoir une traçabilité complète de l’arbre généalogique des œufs.

Les œufs sont mis en eau dans l’écloserie à une température comprise entre 5 et 6°. Les œufs qui ont été reçus à 380 / 400 degrés-jour, éclosent à 450-480 degrés jour (Cette notation est utilisée en pisciculture pour mesurer une durée variable de développement, ou de l’incubation d’œufs, en fonction de la température de l’eau. Ainsi « 100 degrés-jours » signifie que l’incubation durera 5 jours dans de l’eau à 20°C, 7 jours dans de l’eau à 15°C, 10 jours dans de l’eau à 10°C. )

98% des œufs éclosent durant cette phase. Durant environ 400° jour, les œufs éclos se nourrissent grâce à leur sac vitellin. Après résorption du vitellus (substance qui constitue les réserves énergétiques de l’embryon) , les alevins sont transférés dans les premières zones de production en bassin pour y recevoir leur première alimentation.

 La première alimentation se fait à 830-850 degrés-jour à une température de 10°C.

 A ce stade, les poissons ont un poids de 0,3 grammes. Durant toute leur croissance, la taille de l’aliment et le pourcentage de nourrissage évoluera. Après la phase de première alimentation (2 semaines), la température passe à 12° C jusqu’à la fin du cycle d’élevage.

Après avoir atteint un poids de 70g, la smoltification peut commencer. Il s’agit de préparer le poisson à sa transition eau douce / eau de mer. Pour cela une simulation hiver / été via la gestion de la lumière sera faite afin de simuler les conditions naturelles dans lesquelles le saumon réalise cette transition.

Une période de 6 semaines d’hiver sera faite. Durant cette période les poissons reçoivent 12 h de jour et 12 h de nuit, avec un nourrissage sur 12h de jour. Après cette période, la phase d’été commencera.

Il s’agira de simuler l’été avec 24 h de jour et un nourrissage sur 22h.

Les tests observés sont : Taux de chlorure, couleur du poisson (un saumon vert n’est pas smoltifié, un saumon argenté est un saumon smoltifié prêt à aller en eau de mer), absence de marque de paar (Trait noir visible sur les jeunes saumons)

Pendant cette phase de smoltification, les poissons seront répartis dans des bassins de 170 m3l avec 88 000 poissons de 150 grammes (en fin de smoltification) chacun. Cela représente une densité de 70-75 kilos au mètre cube au pic de la production dans cette phase. Ce qui est important à noter dans la densité c’est que 70 kilos au mètre cube correspond à 7% de biomasse et 93% de vide (Masse d’eau)

Durant les 10 mois de production de la phase eau douce les poissons seront transférés et triés afin d’avoir des poissons homogènes dans chaque bassin et faciliter ainsi le nourrissage. Durant tout le cycle d’élevage, tous les paramètres environnementaux sont analysés et corrigés si besoin de manière quotidienne. (Température, pH, qualité physico-chimique de l’eau …etc) ces paramètres sont analysés avec des techniques de laboratoire ;

La phase au salé aura une durée de 12 à 14 mois. Il s’agit d’une phase de pré grossissement et de grossissement où le poisson évolue en eau salée de 150 g à 5 kilos.

La densité sera de 75-80  kilos au mètre cube au pic de la production dans des bassin de 3450 m3 pour un total de 55 000 saumon. Il s’agit ici  de 7,5 /8% de biomasse et de 92,5% d’eau. Après cette phase de production, les poissons avant un abattage seront affiné pendant  8 jours. Ensuite les poissons seront abattus par un procédé appelé électronarcose. Les poissons seront alors transformés dans l’usine même.

En ce qui concerne l’alimentation du poisson Pure Salmon se fournira chez Skretting. Leur usine de production est basée à Fontaine des Vervins dans l’Aisne.

L’aliment saumon comme pour l’aliment truite est composé de 30% de farine de poisson et 70% de farine végétale. Une partie des ingrédients, des farines végétales, proviennent de France et sont garanties sans OGM.

Une autre partie de ces farines, comme la farine de soja proviendra elle, du Brésil et sera certifiée Sans OGM et issue de productions n’ayant pas entraînées de déforestation. Pour les farines de poisson elles seront certifiées Marine trust et issus de pêches durables avec une garantie de non-prélèvement dans les eaux africaines.

Nous avons posé un maximum de questions pour récolter un maximum d’informations.

Cette démarche est faite pour que chacun puisse avoir une idée de ce que sont une nurserie et une écloserie de poissons. Nous avons voulu préciser certains points afin d’éviter que de mauvaises informations circulent. Nous voulons vous informer sans a priori ni dogmatisme et c’est un travail de bénévoles.

S'abonner à notre newsletter

Toute l'actualité de l'association disponible gratuitement

Nous ne spammons pas !

18 commentaires pour Nurserie et écloserie : des infos

  1. Malheureusement cette réunion n’était pas publique..
    Mes remarques : Par contre, vous n’avez pas posé la question de quel vaccin subissent ces alevins (ARN Messager = OGMs !) !
    75 à 80 kg par m3, une densité jamais vue (expérimentale !) !!!
    Observons que la version de « Pure Salmon » a encore changé quant à la provenance des alevins : lors de la permanence de Juillet 2023, il nous avait été dit qu’ils proviendraient d’Alaska..!
    Vous vous contentez de relayer les éléments de langage du Greenwashing commercial de la multinationale « Pure Salmon » sans aucun esprit critique : une débâcle intellectuelle indigne d’une association de défense de l’environnement !!!

    • Monique dit :

      Notre association ne rentrera pas dans ce genre de polémique car elle n a pas de temps à perdre ….
      Merci de ne pas renouveler ce genre de commentaire que nous ne pourrons pas valider.
      C est un espace dédié à l échange constructif que les intervenants soit pour ou contre ce projet.

  2. Veronique Peyrusse dit :

    Bonjour, quel est le nom du fournisseur islandais des œufs SVP? Merci

  3. Manou dit :

    « Cet article est complet et donne de nombreux détails. Il n’est plus possible de se poser des questions quant à l’évolution et au suivi de la croissance des alevins. Tout est clair est net et, il est évident, que ce sont des personnes qualifiées qui ont permis de rédiger cet article. Merci pour tous ces renseignements. Manou

  4. Freddy Delsenne dit :

    Au vu des nombreuses remarques, ces lecteurs ont épluché tous les aspects liés à l’impact environnemental d’une usine agro-alimentaire, notamment le kérosène utilisé pour acheminer par avion les œufs 4 fois par an, le transport des aliments, etc… Par contre, se posent-ils les mêmes questions lorsqu’ils achètent un paquet de saumon au supermarché (généralement produit en Norvège ou en Ecosse) ? A moins bien sûr que personne dans ce forum ne mange de saumon ? Cessons donc cette hypocrisie, il faut réindustrialiser la France.

    • VISSIERE-LAPORTERIE dit :

      Bonjour ,réindustrialiser la France OUI ! OUI ! OUI !
      Bien tenter de connaitre au mieux les conditions de chaque projet .
      Nous sommes en danger , suite au réchauffement climatique .
      Prudence donc .
      Le projet Pure Salmon doit être analysé pour pouvoir faire la balance entre avantages et inconvénients.
      Le 18/01/23 ,les élus de Plouisy ,Côtes d’Armor, ont voté le refus du projet Smart Salmon dans leur commune . Pourquoi ?? trop gourmand en eau en particulier ,vu la sécheresse déjà enclanchée .
      Pas si simple donc de prendre une décision …

  5. PALVADEAU dit :

    NE METTONS PAS LA CHARRUE AVANT LES BOEUFS!!!!!!!

    ou en est le fameux et attendu rapport de l’hydrologue mandaté par EPT concernant les nappes et le pompage de l’eau ?

    Merci pour votre réponse

  6. philippe lucet dit :

    UPPT est toujours dans le surréalisme total!!.Vous organisez des réunions pour discuter de process techniques alors que le promoteur , au bout de plus de deux ans…, est toujours incapable de seulement expliquer comment il va pouvoir remplir et renouveler l’eau de ces bassins…A quand la fin de cette mauvaise plaisenterie?

  7. Roy dit :

    Bonjour.
    Et l’impact carbone dans tout ça,on en fait quoi ?
    C’est tout de même un sujet brulant en ce moment,non ?

  8. Dominique Blanchard dit :

    Tout cela à l’air très bien expliqué. Merci.
    Mais que font ils des déchets: œufs ou alevins ou poissons déclassés.
    Où ces déchets sont-ils envoyés?

  9. Marie-France dit :

    Bonjour,
    Je suis tout à fait d’accord avec les commentaires précédents. Lors de la réunion à Soulac, le responsable de Pure Salmon a promis beaucoup de choses (même de nourrir la planète !). Mais où est le développement durable dans tout cela : la farine de poisson viendra donc de poissons sauvages, ce qui semble une aberration et qui vérifiera que l’on ne vide pas la ressource des pêcheurs africains. Farine de soja du Brésil, sans OGM et sans déforestation, vraiment ? Les œufs arrivent par avion. Pourquoi ne pas les produire sur place ? Il serait peut-être intéressant de poser la question.
    Je pense qu’il serait peut-être intéressant également de reposer la question des emplois. Sans doute beaucoup d’emplois non qualifiés, et la promesse d’emplois locaux évoquée lors de la réunion semblait en contradiction avec la promesse de plus de liaisons ferroviaires pour faire venir les employés (de plus loin donc). Bref, on a un peu l’impression de se faire rouler dans la farine (de poisson ?).
    Merci de tenir le cap et de bien vous occuper de cette affaire complexe.

  10. martin dit :

    Merci pour votre de collecte d’informations, cependant tout ceci est très technique, dégage une première impression de rigueur et de sérieux, on échappe aux PCPs (Process Control Parameters…), mais on n’en est pas loin, et ma seconde impression est que tout est très bien calibré par le service communication de l’entreprise.
    Je précise que je travaille dans l’industrie et n’ai rien contre le développement économique…
    néanmoins plusieurs points m’alertent.
    On nous vante l’intérêt du site du Verdon pour favoriser le transport par bateau, les oeufs voyagent par avion puis par la route, on met en avant la production locale, les farines viennent de l’Aisne, belle région agricole française mais pas vraiment pratique pour acheminer par bateau la matière première pour transformer les farines de poisson ou livrer Le Verdon, et si on est abreuvés de chiffres qui ne peuvent parler qu’aux experts sur l’écloserie, on ne nous donne pas la proportion des farines végétales d’origine française versus le soja brésilien qui n’est pas vraiment local et sur lequel la traçabilité est un peu complexe.
    Je suis donc perplexe

    • Monique dit :

      Bonjour monsieur,
      Vous soulevez la question de la proportion des farines végétales d’origine française : le soja brésilien qui n’est pas vraiment local et sur lequel la traçabilité qui est un peu complexe.
      Nous vous remercions d avoir abordé le sujet ce qui va nous permettre de poser cette question au porteur du projet.
      Nous communiquerons la réponse sur le blog.
      Cordialement,
      L équipe d EPT

      • Martin dit :

        Merci de votre retour, je suis bien entendu intéressé de connaître la proportion des farines d’origine française (locale), néanmoins je relevais cet exemple pour souligner le décalage entre l’extrême précision de vos interlocuteurs sur des chiffres qui ne servent à rien si on n’est pas un expert de leur process, et le flou sur des chiffres compréhensibles au plus grand nombre.
        Le discours se veut très scientifique et rigoureux, sans doute dans le but de rassurer, je veux éviter le procès d’intention, mais c’est tout sauf de l’information, ce n’est pas intelligible.
        Pour prendre un autre exemple, le certificat vétérinaire délivrés par les autorités islandaises, c’est sans doute une bonne chose, mais quelle est la législation sanitaire islandaise sur les oeufs de saumon d’exportation: les poulets américains lavés au chlore, ont aussi le visa des autorités sanitaires de leur pays d’origine…

  11. GOT hervé dit :

    Bravo pour la rigueur du bureau à chercher sans cesse les explications,avant que de se prononcer ! A tout hasard, vous n’organisez pas des stages pour les femmes et les hommes politiques ???? HERVE

    • HUE Valentine dit :

      Bonjour,
      Merci de ce compte rendu non exhaustif. Effectivement tout paraît contrôler sauf les transports (aérien, route et peu de fluviale ou maritime). Le soja est décrié depuis longtemps et n’apporte rien en matière nutritive (prouvé sur les vaches) mais un engraissement rapide, comme les volailles. De plus, le Brésil est très très loin.
      Je pense que tout le monde peut accéder à des stages s ‘il en a la volonté et pas seulement, les politiques dont la valse de ministère va bien au-delà d’un engagement sur un territoire qui mérite des égards en matière d’environnement. Lorsque le mal est fait, les pollueurs ont disparu et la facture reste aux contribuables. (ex. l’amiante, le plomb et des métaux lourds).
      Il faut garder en mémoire que les fonds viennent d’un fonds d’investissement singapourien, basé à Abu Dhabi. Les lois français ne s’appliqueront donc pas en cas d’échec de cette méga ferme.
      Je reste donc prête pour la prochaine réunion qui, je l’espère, intéressera les Médocain(e)s.
      Cordialement