A quelques mois des élections régionales, il peut apparaître intéressant de s’interroger sur l’impact de politiques menées à l’échelon régional quant à des problématiques de développement local du type de celle qui a motivé notre mobilisation.
Une constatation tout d’abord : la région Aquitaine a été remarquablement absente durant tout le débat sur le projet méthanier. Absente au moment de la réflexion mais aussi lors du processus décisionnel final : atermoiements divers au niveau de la présidence, prises de positions divergentes de tel ou tel élu, voire décisions apparemment contradictoires ( votes de crédits en vue du projet dans le contrat de plan état région en 2006, puis déclarations du vice-président quant à l’inopportunité du projet en fin du débat public, enfin lancement du projet de parc naturel sur le médoc), puis silence total de l’institution régionale quand, à l’automne, l’Etat a pris ses responsabilités et décidé d’enterrer définitivement le projet.
Est-ce à dire qu’une région n’a pas actuellement en France les moyens, politiques et administratifs, de peser sur un tel problème de développement local ? Ce serait certainement aller très vite en besogne. En termes de budget il est vrai que les régions françaises sont parmi les moins dotés des régions européennes (le länder allemand Hesse avec lequel la région Aquitaine est jumelée a ainsi un budget 10 fois plus élevée que le budget aquitain), mais en termes de compétences, aux côtés, entre autres, de la formation professionnelle et de l’apprentissage, le développement économique, la planification de l’aménagement du territoire, les transports ont été également très largement décentralisés au profit des régions depuis 1982 (dernière étape août 2004).
On peut donc raisonnablement penser que la définition d’un type de développement économique pour le médoc relevant d’ une problématique d’aménagement du territoire et impliquant des choix divers, notamment quant aux infrastructures de transports, pourrait tout a fait être du ressort de l’institution régionale. Ou que, pour le moins, la Région devrait être un des partenaires essentiels du processus de réflexion et de décision. Cela n’a pas été le cas répétons le jusqu’à présent.
Mais nous pouvons espérer que cette situation change si une véritable volonté politique de traiter du développement économique du médoc, et de l’estuaire de la Gironde émerge au cours de la campagne qui démarre. Il est clair que celui-ci ne constituera pas la pierre angulaire des programmes des diverses listes …il semble souhaitable cependant que, par exemple quant au choix d’une politique de transport régionale, le lancement à grand frais (coût prévu pour le budget régional 600 M d’€) d’une nouvelle ligne TGV nord-sud ne constitue pas le seul axe de discussion de la campagne qui commence (quels projets pour les alternatives fret ferroviaire, pour le désenclavement est-ouest , la valorisation durable du transport maritime et du port de Bordeaux ? etc..).
De même au niveau de l’émergence d’une politique énergétique régionale est-on en droit d’espérer que le niveau de réflexion et d’argumentation s’élève au dessus de celui pratiqué par certains pendant la polémique méthanière : le problème est-il bien d’assurer une « indépendance énergétique régionale » construite sur le remplacement de la ressource gazière de Lacq par des investissements régionaux en terminaux d’importations d’énergies fossiles ? …il serait intéressant que chacune des listes situe clairement ses objectifs à ce niveau (objectifs de réduction des gaz à effets de serre à l’échelon régional ?, de pourcentage d’énergies renouvelables en aquitaine à l’horizon 2020 ?) Copenhague ne concernerait-il pas les collectivités régionales françaises ?
Enfin un vrai débat quant à la notion de protection et de valorisation de l’environnement, là encore une compétence reconnue des régions, mériterait d’être abordé à cette occasion : un choix clair pour l’estuaire de la gironde et ses deux rives est sans aucun doute du domaine du politique, les deux régions concernées doivent de toutes évidences se prononcer sur leur ambition quant au futur de ce territoire riche de potentialités mais particulièrement fragile. La simple juxtaposition de projets (PNR, AMP), de partenaires (Etat, départements, .Régions), ne peut remplacer une réelle vision clairement exprimée et politiquement assumée de l’aménagement et de la valorisation souhaitée à long terme de ce capital exceptionnel.
Dans quelques mois chacun d’entre nous aura à effectuer un choix quant aux diverses listes en présence pour les élections régionales. Nous pouvons certainement, en tant que citoyens, mais aussi en tant qu’association, contribuer à ce que toutes ces questions soient débattues au cours de la campagne qui démarre. Ce blog peut peut-être également contribuer à échanger idées et propositions pour interpeller concrètement les candidats et ce au niveau des deux régions concernées.
Philippe LUCET
Je crois que le problème de fond des régions est le ‘mille-feuilles’ administratif qui s’est compliqué au lieu de se simplifier .
Il dilue les décisions et les financements correspondants .
Et les querelles politiciennes qui dénaturent les débats détournent les responsables de prises de décisions faute d’un pouvoir réel et accepté par tous .
Je ne pense pas que le souci était « d’assurer une indépendance énergétique régionale », même si la région aurait pu en profiter. Le but était, je pense d’alimenter autant la France, que le Sud
Européen. A l’heure actuelle il me semble douteux qu’une évolution positive dans le domaine du transport maritime international puisse justifier une quelconque prise de position de nos politiques
de tous bords, au niveau de l’amélioration des accès de la presqu’ile. Un redémarrage de l’économie mondiale, dans quelques années serait sans doute profitable