Extraits de l’étape bordelaise du Grenelle de l’Environnement

Publié le: 7 septembre 2009

Catégorie: Réunions-Manifestations

Vues: 5151

Vendredi 4 septembre se tenait à Bordeaux l’étape locale des rencontres du Grenelle de l’Environnement. De nombreuses personnalités étaient présentes : Chantal Jouanno, Secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Alain Rousset, président du Conseil Régional d’Aquitaine mais aussi bien sûr … Alain Juppé, maire de Bordeaux. La question du terminal méthanier a été abordée à différentes reprises lors de la soirée. Malgré un horaire difficile d’accès pour beaucoup, certains adhérents avaient fait le déplacement. Pour tous ceux qui n’ont pas pu se rendre sur place, il est possible d’écouter l’intégralité du débat sur le site de Radio France Bleu Gironde qui le retransmettait en direct. Pour cela, cliquez ici.


Vu la longueur du débat (plus de 2 heures…), nous avons sélectionné les passages parlant du terminal méthanier. Pour chacun, nous avons retranscrit les prises de paroles et noté les moments de diffusion pour que vous puissiez les retrouver en écoutant la bande son sur le site de Radio France Bleu Gironde. Vous constaterez, en écoutant l’enregistrement, la teneur des prises de parole de M. Juppé. Notons qu’elles témoignent d’un immense mépris du public présent. Alain Juppé est passé par la caricature (« on reviendra à la bougie et à la lampe à huile »), le simplisme (« dépendre simplement d’oléoducs […] en provenance de la Russie »), l’accusation de manipulation (« Monsieur Bussereau a fait la salle ! »), pour finir par le cynisme ( « Je voudrais simplement vous rassurer, le port du Verdon, c’est fini ! »). Notre souhait n’est évidemment pas la fin du port du Verdon : seul monsieur Juppé pose la question en terme de tout ou rien. Pour notre part, nous redisons notre désir de voir se développer l’avant-port du Verdon avec des projets sains.

 

Vous pouvez retrouver quelques moments choisis du débat de vendredi soir, soit en lisant ci-dessous, soit, pour un meilleur confort de lecture en téléchargeant la retranscription écrite des échanges au format pdf en cliquant ici.


 

1’23’09

Hervé Bodin (UPPT) : Bonsoir, Herbé Bodin, du bureau du collectif des 2 rives « Une Pointe pour Tous ». A l’occasion des jeux olympiques qui se dérouleront à Londres dans 2 ans, 470 000 foyers, soit 1,2 millions de Londoniens verront leurs besoins énergétiques domestiques satisfaits par 175 hydro-générateurs installés au Sud de la Tamise. Dans ces conditions, l’argument qui consiste à dire que le GNL est nécessaire dans l’attente de la montée en puissance d’énergies renouvelables est d’ores-et-déjà caduque. Monsieur le Ministre, Monsieur Alain Juppé, n’avez-vous pas une ambition similaire pour Bordeaux et le département de la Gironde ? plutôt que de laisser investir plus d’1 milliard d’euros entre des fonds privés et des fonds publics dans des énergies ringardes, pour le compte de fonds spéculatifs internationaux, qui ont conduit le monde dans la crise que chacun connaît aujourd’hui…

salle : applaudissements

Alain Juppé : Bien, pour décrypter vis-à-vis de ceux qui n’ont peut-être pas suivi, il s’agit du terminal méthanier du Verdon

salle : Non !

Alain Juppé : Jusque là on est d’accord mais ça va pas durer…Euh…sur les énergies renouvelables, on connaît mon engagement et ce que nous essayons de faire… J’ai remis à Chantal Jouano, tout à l’heure, le dossier que soutient Marc Lafosse qui est là ici présent et qui est une candidature pour que la Garonne devienne un site expérimental en matière d’énergies hydroliennes, c’est-à-dire l’utilisation de l’énergie des marais ou des courants. Donc je suis plus que convaincu et j’espère que on sera retenus. Mais il faut quand même être un petit peu sérieux dans tout ça, en matière d’énergie. J’entends dire qu’on n’arrivera pas à faire monter en puissance les énergies renouvelables au niveau sur lequel on s’est engagés. J’espère que si mais en tout cas, certains nous le disent. J’entends dire qu’il faut diminuer drastiquement la part du nucléaire dans notre production d’électricité. Maintenant on nous explique que le gaz naturel liquéfié, c’est une catastrophe absolue… Je veux bien qu’on rajoute des contraintes de tous les côtés. Je suis absolument convaincu qu’il y a des marges de manoeuvre considérables dans l’efficacité énergétique et la réduction de notre consommation mais nous aurons besoin d’énergie dans les décennies qui viennent. Et moi je demande simplement qu’on me dise à partir de quelle heure on éteindra la lumière dans nos maisons si on applique la politique qui nous a été proposée tout à l’heure par Monsieur Stéphane Lhomme. Je veux bien ! Mais il faut le dire aux français. Il faut le dire aux français et à ce moment-là on reviendra à la bougie et à la lampe à huile. Il faut être tout à fait cohérent. Alors sur le terminal…

salle : huées (en fond dans la suite)

Alain Juppé : Oui… Mais enfin si il faut se dire les choses sinon on raconte n’importe quoi. Sur le terminal méthanier, moi je n’ai pas pris de position définitive là-dessus, ce que je sais c’est que l’Europe a besoin de conforter son indépendance énergétique et que ce serait une erreur gravissime de dépendre simplement des oléoducs qui passent à travers l’Ukraine en provenance de la Russie. Et donc je pense que l’alimentation…

salle : huées

Alain Juppé : Voilà, c’est très bien ! Ecoutez, je vous donne mon point de vue, vous avez le vôtre, soyez un peu sereins

modérateur : s’il vous plaît

Alain Juppé : je pense que de ce point de vue le Gouvernement a raison de mettre à l’étude un certain nombre de terminaux méthaniers en France, voilà. Il y a plusieurs projets qui sont dans cette esprit. A partir de là, est-ce que le terminal méthanier du Verdon est une menace grave pour l’environnement ?…

salle : OUI !

Alain Juppé : je n’en sais rien et ce que je dis c’est que les procédures…

salle : huées

Alain Juppé : Mais oui… (criant) Monsieur Bussereau a fait la salle ! Très bien ! Parfait ! Ah ! Ce que je dis, ce que je dis c’est que…

modérateur : on s’écoute

Alain Juppé : les procédures et les enquêtes doivent se dérouler pour aller jusqu’au bout de cette question et, à ce moment là, le Gouvernement décidera. (fort) Nous raconter que l’avenir touristique de la région de Royan est mise en jeu par…

salle : huées (en fond)

Alain Juppé (criant) : C’est du pipeau ! C’est du pipeau, je le dis comme je le pense. C’est du pipeau et donc il faut laisser se dérouler les procédures. J’ajoute une dernière…

salle : bruit persistant

modérateur : S’il vous plaît !

Alain Juppé : J’ajoute, j’ajoute une dernière chose c’est que faire croire que l’arrivée d’un bateau méthanier représente un risque pour la sécurité du voisinage…

salle : huées

Alain Juppé : c’est un mensonge, c’est un mensonge ! Voilà ! Cette réunion se passait dans la plus grande sérénité, et bien nous avons mis un petit peu d’animation et c’est la raison pour laquelle je persiste et je signe : moi j’aurais souhaité qu’on laisse se dérouler les procédures d’enquête sur ce projet quitte au bout de ces études à prendre une décision qui aurait pu être le cas échéant négative

modérateur : s’il vous plaît ! S’il vous plaît ! S’il vous plaît ! Non, non, non, non, non, …. non. (main levée dans la salle pour une nouvelle question ) : Oui !

salle : prise de parole sans micro ; inaudible

modérateur : on va vous donner un micro et après on va terminer pour passer…

intervenant 1 (lisant la plaquette 4Gas) : « Les Fondements du projet », et bien écoutez, c’est à le paragraphe 2-1, « Le gaz naturel est une énergie pour l’avenir », vous êtes d’accord avec lui monsieur Juppé et il met au-dessous « une énergie propre », sans point d’interrogation

salle : c’est faux !

Intervenant 1 : je continue le paragraphe. Monsieur Juppé soutient un promoteur qui nous dit que le gaz est une énergie propre. Et d’ailleurs dans l’esprit des français, si en ce moment ils contestent la taxe carbone, c’est peut-être bien aussi parce qu’ils sont pas très informés à force d’entendre de la part des gaziers que le gaz est une énergie propre. Parce que tout bilan énergétique confondu, y compris le transport, en particulier pour le GNL, et bien on arrive au niveau du pétrole. Donc il faut arrêter avec ces plaisanteries ; c’est absolument inconcevable d’accepter des publicités mensongères

salle : applaudissements

modérateur : Merci ! C’était un exercice chaud qui ne manquait pas d’énergie…

intervenant 2 (sans micro, criant dans la salle) : on ne va pas dans le sens des énergies renouvelables en laissant faire des imbécilités pareilles !

modérateur : Merci monsieur !

 

1’32’52, après une prise de parole de Philippe Barbedienne de la Sepanso

Chantal Jouanno : Sur le Verdon, je vais pas y revenir puisqu’effectivement l’Etat a pris position dans la mesure où on n’a pas renouvelé la concession

salle : applaudissements

Alain Juppé : Mais y’ aura un terminal méthanier au Havre !

salle : bruits

Chantal Jouano : C’est pas fait encore ! Ne vous énervez pas, c’est pas fait encore !

 

1’55’00

Jean-Marie Andreux (UPPT) : Je suis Jean-Marie Andreux, j’habite à Soulac. Que Monsieur Juppé se rassure, je ne lui parlerai pas du terminal méthanier du Verdon, même si je tiens quand même à le remercier au nom de tous les adhérents, qui sont 6000, de nous avoir traités d’hystériques. C’a été quand même assez sympathique !

salle : applaudissements

Jean-Marie Andreux : Ceci étant dit, je voulais revenir sur plusieurs points. Un point qui intéresse Monsieur Rousset qui nous a fait la gentillesse dernièrement de venir pour une compétition de multicoques. On parle effectivement de sauvegarder tout ce patrimoine écologique que nous avons…. Les conteneurs qui arrivent entre autre au terminal du Verdon, on n’arrive pas à les acheminer sur Bordeaux par la voie ferrée tout simplement parce que cette voie ferrée est hors d’usage. Il y a des centaines de camions qui passent sur une départementale 1215 qui n’est pas appropriée, qui est réputée dangereuse, qui nous met très loin de notre belle capitale de Bordeaux tout simplement parce que cette voie n’est pas en état. Et on a ce problème de la départementale 1215, on a le problème de cette voie ferrée qui ne va pas jusqu’au port conteneurs (et qui pourrait faire économiser justement beaucoup d’énergie gaspillée sur cette route), et puis on a ce problème de terminal méthanier. Alors, Madame la Ministre, je voudrais vous demander simplement une chose, est-ce que il pourrait y avoir à l’intérieur du Grenelle de l’environnement -même si nous sommes une toute petite partie de terre qui n’a que la valeur vinicole qu’on lui donne- est-ce que on pourrait avoir un petit Grenelle du Médoc ? Pour remettre un petit peu les choses à plat, pour qu’on évite de nous considérer comme des indigènes…

salle : applaudissements

Jean-Marie Andreux : et qu’on évite de nous classer comme des hystériques quand on habite à 100 kilomètres de cet endroit et qu’on va prendre ses vacances dans sa résidence secondaire un petit peu plus loin. Merci beaucoup.

salle : applaudissements

modérateur : merci monsieur

Alain Rousset : je ne veux pas répondre au nom de la Ministre, je lui repasserai le micro. Simplement deux précisions. La voie ferrée a été refaite dans le contrat de plan précédent et notamment parce que c’était le problème entre Pauillac et le Verdon. Donc cette voie ferrée est capable de porter des marchandises et des conteneurs. Le problème c’est : qui organise ce trafic ? Ca marche pas. On a même acheté, je peux vous dire, on a même acheté des wagons, on a même acheté des locaux, y’a tout le matos, comme on dit trivialement, et on n’a pas pu organiser économiquement le système. On le remet à chaque fois sur le chantier et il faut effectivement le faire.

Deuxième observation. Je ne sais pas si c’est un Grenelle… en tout cas, j’ai pris la décision parce que c’est la responsabilité de la Région de lancer, vous le savez d’ailleurs, un parc naturel régional que vous êtes en train d’analyser avec les associations, les collectivités locales sur l’ensemble du Médoc. Et de ce travail là qui va prendre un peu de temps parce que ça suppose beaucoup de concertation… – je ne sais pas si cela va s’appeler un Grenelle – mais en tout cas, il y aura des actions qui vont être menées dans le cadre que vous souhaitez

salle : applaudissements

Alain Juppé : Attendez, je voudrais juste revenir, au risque d’aggraver mon cas… Je voudrais d’abord dire que la messe est dite. Je vous ai dit ce que je pensais du dossier, le Gouvernement a pris sa décision, très bien, je ne vais pas me battre contre des moulins à vents. Je voudrais simplement vous rassurer monsieur, le port du Verdon, c’est fini ! C’est fini, voilà, c’est tout, il faut en être conscient. Le port, le port – voyez que vous êtes très passionnés par ça, c’est terrible ! … Un des dossiers les plus chauds – Je vous dis simplement que le port de Bordeaux est un port en déclin aujourd’hui. Cette opération -qui n’aura pas lieu, je vous rassure- aurait peut-être été un moyen de lui donner un nouvel essor. Aujourd’hui, c’est fini pour différentes raisons qui ne sont pas simplement liées à la ligne de chemin de fer ou à la route. L’avant-port de conteneurs du Verdon n’a plus sa place dans le système portuaire… Très bien, on en tirera les conséquences… Vous pouvez être rassurés !

modérateur : Madame la Ministre et ensuite on continue avec 2 autres questions – il va falloir faire une sélection car vous avez vu l’horaire…

Chantal Jouano : (…) Juste deux points. Sur le développement du port, on est encore en train de faire une réflexion stratégique sur le port et l’Etat s’est engagé à doubler les crédits qu’il amène d’ores-et-déjà dans le cadre du CPER. Sur le Grenelle du Médoc, ben écoutez, pourquoi pas ! Le Grenelle il n’a pas vocation à être parisien, au contraire !

salle : applaudissements

 

2’00’00

Bernard Vinquoy, vice-président Rive Gauche de l’association est intervenu une dernière fois vers la fin du débat.

S'abonner à notre newsletter

Toute l'actualité de l'association disponible gratuitement

Nous ne spammons pas !

5 commentaires pour Extraits de l’étape bordelaise du Grenelle de l’Environnement

  1. Monique Chéruette dit :

    J’étais dans la salle au 2eme rang … derrière nous des « pom pom girls d’un âge certain » faisaient leurs commentaires tandis que Jean Marie Andreux s’exprimait. Et là quelle ne fût pas ma suprise d’entendre venant de la part d’une de ces dames : « les verdonnais sont tous des cults-terreux » …. Alors je voudrais rappeler à cette dame la définition de : « culs-terreux » – cul-terreux (n.m.)agriculteur, béotien, campagnard, paysan, pedzouillecul-terreux (n.m.) (péjoratif)cambroussard, paysan, pédezouille, bouseux  (péjoratif), cambrousard  (familier), croquant  (PejArgPop, figuré, littéraire, vieux), jacques  (familier, histoire), pecnot  (péjoratif), pedzouille  (péjoratif), péquenaud  (péjoratif), péquenot  (péjoratif)Notre combat contre ce projet veut tout simplement dire :aimer son village, aimer son environnement et le défendre, refuser de vendre  ce village mais vouloir lui garder son charme, vouloir être acteur de son développement et de celui de toute cette pointe du médoc … Travailler tous ensemble pour que cette pointe du médoc ne soit plus isolée. Est ce pour cela que nous sommes traités ainsi ?Je vous ai demandé, Madame, où vous habitiez mais vous ne m’avez pas répondu … dommage nous aurions pu ainsi échanger quelques idées et j’aurai peut être pu vous faire comprendre le pourquoi de notre combat et vous auriez pu m’expliquiez pourquoi vous nous preniez nous les verdonnais pour des « culs-terreux ».Je comprend votre attachement pour Mr Juppé mais vous comprendrez aussi certainement que nous ne pouvons aller dans le même sens celui ayant décidé de nous sacrifier pour des fonds de pension américains.Monique Chéruette

  2. Stéphanie dit :

    N’ayant pas pu me rendre à cette réunion ( ça fait trop loin en débauchant tard…), je me suis « fendu la poire » en écoutant l’émission radio. Oui, j’ai ri ! Voir un homme politique qui se veut d’une envergure nationale incapable de se maîtriser et sortir de ses gonds parce que des citoyens lui font part de leur désaccord  quant à un projet aussi inacceptable que celui du port méthanier, et bien, c’est fendard. Et puis, qu’il ai pu pensé que tous ces culs terreux du Médoc et des Charents Maritimes aient pu être déplacé uniquement par D. Bussereau et non par leur propre volonté, ça m’a encore plus fait marrer.Bon j’avoue, j’ai parfois ri jaune.En tout cas : NO PASARAN !

  3. mj1733 dit :

    « Pas de terminal méthanier, …plus de port ! … La messe est dite  » . Na !J’ai écouté les extraits sur le site de Radio France Bleu Gironde . M. Juppé doit être bien ’emberlificoté’ dans des engagements imprudents et compromettants pour réagir comme il le fait !Cette attitude assez méprisante n’est pas digne de quelq’un ayant vocation d’homme d’état, ou plus simplement de politique avisé .Dommage de devoir passer par un tel interlocuteur ! Comment le contourner ?

  4. michel no pasaran dit :

    Bonjour. Je vois sur l’hebdomadaire « gala » qui n’est pas ma lecture de référence ………:alain juppé-« j’ai toujours été ambitieux.A 7 ans,je voulais être pape! »………pour un représentant de notre République laïque,c’est surprenant.  ……….Ce que j’aimerais plutôt de sa part,concernant Le Verdon,c’est qu’il se  »  METTE A NIER « !!!!!!!!!Mais ne rions pas trop et ……..NO PASARAN !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  5. thomas n dit :

    M Juppé perd réellement son calme, à croire que ses amis de Carlyle lui ont tapé très fort sur les doigts ! On est en effet en pleine caricature, entre le Port c’est fini et le gaz c’est une énergie d’avenir, nous sommes au main de Poutine, et un méthanier c’est sans risque à 500m des habitations…Voilà un beau portrait de responsable politique, il en a pris un sérieux coup « le meilleur d’entre nous », il serait temps de songer à la retraite ou de retourner au Québec se rafraichir les idées !