L’opposition au terminal méthanier a touché les coeurs comme en témoignent certains textes envoyés par les adhérents. Après la fable publiée ces jours-ci, nous publions aujourd’hui une “Ode aux dockers bordelais”. Les expressions argotiques sont expliquées dans un glossaire en fin de poème.
Ode aux dockers bordelais
Vous qui étiez autrefois les rats des cales sur les cargos
Escalant à Bordeaux
J’ai pu admirer la façon dont vous aviez la cagne
Vous n’avez pas connu l’époque des vrais dockers
Ceux qui couraient sur la caline
Avec une charge sur le dos
C’est mon sang par terre ,quand je vois votre conduite actuelle
À l’époque vos anciens avaient les épontilles en capilotade
Après le boulot
Vous n‘avez pas connu l‘époque où pour casser le millas
Vos anciens savaient débrider les caisses de vin vieux
Pour se rincer le gosier au Saint Estèphe ou au Saint Julien
Je ne parle même pas de l’époque
Où ils endossaient la gandoura, pour travailler sur les cargos frigo
Et vos anciens, eux savaient mailler la pantière
Le croc à la pogne et après le chef panneau disait
Vire mécano , au grutier
C’était le bon temps pour tous, navigants et dockers.
Vous êtes devenus des mécaniques
Comme sont les containers
Et vous allez gaillardement au rebéquat
Pour des choses qui vous dépassent
Le gas serait-il passé par là ?
Jean-Clément Roucayrol
Glossaire
Avoir la cagne : avoir la flemme
La caline : la planche d’accès aux cargos
C’est mon sang par terre : je suis bouleversé
Les épontilles : les épaules
Casser le millas : casser la croûte
Débrider les caisses de vin : façon élégante d’ouvrir et fermer les caisses de vin , sans laisser aucune trace et conservant le même poids, lesté avec des pierres et de la paille
La gandoura : paletot chaud pour travailler dans les cales frigo
Savoir mailler la pantière : préparer les palanquées , les élinguer
Le croc à la pogne : tous avaient un croc pour tirer les sacs de blé
Vire mécano : ordre donné au grutier pour qu’il enlève la palanquée
Aller au rebéquat : se rebeller, contester
oui c’est exactement ça. Et j’ai connu ce parler docker dés ma tendre jeunesse : j’ai commencé dans les cales (pas comme docker) dés ma prime jeunesse (17 ans) sur les navires des chargeurs réunis (Tessa, General Leclerc, Isigny etc…). Je remercie l’auteur de cette ode de me faire faire ce bond retro dans le temps.Mais je veux plutôt revenir sur l’espoir qu’a fait naître chez beaucoup Mr Bussereau. Où en est on de ces trafics altérnatifs promis pour le port du Verdon ? Je vous suggère de vous interresser à des indicateurs fondamentaux tels que le Baltic Dry Index, Le Commercial Paper Outstanding (anciennement lettres de change maritimes), ou le Harpex (plus spécialisé dans le transport des conteneurs).Vous comprendrez que c’était des promesses gratuites impossibles à tenir. De la poudre aux yeux !!NB : je ne vous met pas les URL, mais je pourrais vous les fournir, à votre demande.