Alain Gardet, adhérent du collectif, a travaillé sa vie durant dans le domaine pétrolier. Afin de mieux comprendre d’une part, le lien entre pétrole et méthane et d’autre part, la dangerosité inhérente à ces hydrocarbures, il nous a fait parvenir la contribution ci-dessous.
1) Pétrole et méthane
Le pétrole est une huile minérale naturelle contenue en sous-sol dans des nappes souterraines que l’on extrait par pompage ou par jaillissement naturel. Le pétrole brut est un liquide visqueux, noirâtre, de densité variant en 0,85 et 0,95 selon les origines pétrolières dans le monde. C’est un hydrocarbure composé de très nombreux produits valorisables que l’on doit séparer par distillation en raffinage.
Par chauffage du pétrole (environ 380°C), on obtient la séparation des divers composants dans une tour de distillation atmosphérique dont les « légers » se trouvent en tête, à 40°. Il s’agit là de gaz avec, en premier, le méthane (CH4), l’éthane (C2H6), puis ensuite, le propane (C3H8) et le butane (C4H10).
Le méthane et l’éthane, très peu valorisables du fait de leur faible teneur dans le pétrole, sont utilisés pour alimenter en permanence la torchère éloignée des installations et qui permet d’entretenir la sécurité de l’ensemble des installations en cas de montée de pression.
Il faut considérer que le méthane issu du gaz naturel liquéfié (GNL) est le même produit que le méthane issu du pétrole (CH4), avec les mêmes caractéristiques. Il comporte les mêmes risques que tous les hydrocarbures gazeux (comme le butane et le propane). Tous ces gaz d’hydrocarbures sont inflammables et explosifs, à la faveur d’une étincelle, selon leur teneur dans l’atmosphère (entre 5 et 15 %).
Le stockage du pétrole et du méthane ne présente pas la même dangerosité. Le Verdon a servi, il y a quelques dizaines d’années de site de stockage du pétrole brut. Cependant, celui-ci, stocké dans des cuves métalliques à pression atmosphérique, ne présentait aucun danger. Ces cuves rondes, d’une hauteur inférieure à 16 mètres, n’ont rien de comparable aux immenses bunkers de béton de 48 mètres de hauteur avec des murs de plus d’1 mètre d’épaisseur qui entourent les sphères de méthane pour une protection essentielle en cas d’implosion ! …
2) GNL et GPL
Ce sont des hydrocarbures contenant tous deux du méthane (CH4). Pour le GNL, il s’agit de méthane liquéfié à – 180° C (car il occupe une place 600 fois moins importante en volume à l’état liquide qu’à l’état gazeux). Mais il y a une très faible marge de maintien en température entre la phase liquide (- 180°C) et la phase gazeuse (- 164°C). De là vient le danger…
Les navires méthaniers ne sont pas équipés de réfrigérants, ni les unités de stockage. Tout serait basé sur l’isolation !…Les méthaniers ont le loisir de cracher les soupapes en pleine mer en cas de montée en pression du gaz, mais nullement près des côtes ou au mouillage dans l’estuaire, à 300 mètres du littoral charentais !…
Que se passera t-il en cas d’échouage, toujours possible à l’entrée de notre estuaire ?
De même, lorsque le méthane liquide est entré dans les sphères de stockage, que se passera t-il pour maintenir la phase liquide sans refroidissement ?
– Soit accélérer le processus d’évacuation vers l’utilisation par gazoduc (en imposant son évacuation, sur le marché, par le gazoduc, pour des raisons de sécurité). Ce serait alors une vente forcée aux dépens d’autres producteurs ;
– Soit maintenir provisoirement les pressions en échappant les gaz à l’atmosphère par soupapes ou en les dégageant directement à la torchère (entraînant du soufre).
Dans tous les cas, la torchère doit être toujours en service, allumée, pour garantir la sécurité de l’installation.
Le méthane est donc bien plus dangereux que le pétrole brut. Il est explosif, ce qui justifie des distances de sécurité importantes. De plus, les conditions de stockage étant difficiles, le risque est grand de devoir le rejeter dans l’atmosphère en cas de montée en pression des installations.
A. GARDET