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contribution d’un adhérent sur la question du danger

Publié le: 23 février 2008

Catégorie: Contributions adhérents

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Caché, minimisé à dessein, le danger immense est pourtant bien réel .

Qui peut imposer ou cautionner des risques prouvés de catastrophe ?
 
Evidemment il n’apparaît pas programmé comme le sont l’agression contre la biodiversité, le démantèlement du tourisme et ses conséquences sur l’économie rattachée et l’emploi mais le danger plus sournois peut surgir ! 
 
Le discours de 4Gas
4Gas s’attache à minimiser la vulnérabilité de ses installations et tous les risques de l’ensemble du processus qui nous préoccupe.
Il prétend, relayé par des cadres du port ou des pilotes un peu trop sûrs d’eux… Que cela a trop peu de chance de se produire pour être retenu !
4Gas, ‘’ dans son élan ’’, en arrive même à prétendre que le risque zéro existe !!! Vérifions. Dans sa rubrique impacts , chapitre 4.3 –paragraphe 4.3.5 : mesures de sécurité pendant la phase d’exploitation du terminal, il annonce: ce type de réservoir REDUIRA A ZERO le risque de défaillance !!! Aucun technicien sérieux n’oserait le prétendre. La publicité a-t-elle sa place là où des vies sont en jeu ?
   
 Les oublis de 4Gas
– Quid de nombreux paramètres ? Peut on avoir l’assurance de matériaux adéquats et insensibles aux évolutions physico chimiques dans tous les cas ; l’assurance d’une fabrication absolument parfaite, etc. ?
N’y a-t-il pourtant pas eu un problème sur les cuves de stockage de GNL de Fos sur mer pour des soudures non-conformes dont le maître d’œuvre est normalement plus expérimenté que 4Gas ?
L’incident récent sur l’autre terminal de Fos porte sur des déformations et des déplacements de canalisations lors d’essais de mise en pression. Le professeur que je suis est vraiment abasourdi (retraité, titulaire d’une maîtrise de technologie et certifié de sciences et techniques industrielles , à qui on avait accordé du crédit pour l’avoir nommé à enseigner en classes préparatoires aux grandes écoles), ma curiosité est interpellée, je ne m’attendais vraiment pas à retrouver pour un tel ouvrage, normalement construit en produit fini, des défaillances suite à des essais mêmes poussés, comme pour un simple prototype que l’on chercherait à valider dans un premier temps avant de passer seulement à des préséries de fabrication ! Je suis soucieux d’éclairage …mais je retiens , vous en tirerez aussi les conclusions, que ce n’était effectivement pas du tout prévu puisque la mise en service du terminal est repoussée avec des délais « dont on ne connaît pas l’ampleur » [voir le site www.laprovence.com/articles/2008/02/14/286036 ]. Avec ce dernier exemple, ma peur a tout simplement encore augmenté, je ne peux accepter pour les miens et tous les autres !
– Quid des accidents de toute nature, des scénarii de malveillances et d’attentats sur nos sites stratégiques et dangereux à l’heure ou des troupes françaises sont en mission en Afghanistan (1100 soldats qui ne font pas de la figuration … il y a eu des morts de part et d’autre). Tout a t-il bien été envisagé et pris en compte avec sa juste probabilité ? Les possibilités de représailles seraient-elles complètement à exclure dans les années à venir ?!
4Gas a osé prétendre pendant le débat public,pour impressionner, que des perturbations climatiques ou géologiques seront sans effets (imaginez…les objets techniques liés aux cuves. Je connais moi (d’autres forcément aussi),tout simplement un moyen relativement facile à mettre en œuvre pour provoquer l’accident sur la cuve elle-même.
 
L’étude de risques en général
Comment s’effectuent les démarches pour les études de risques et quels sont les avis des personnes compétentes de terrain ?
On peut consulter le rapport enregistré à l’assemblée nationale le 29 janvier 2002 intitulé ‘’ au nom de la commission d’enquête sur la sûreté des installations industrielles et des centres de recherche et sur la protection des personnes et de l’environnement en cas d’accident industriel majeur ‘’.tome ll volume3
Les sites internet ne manquent pas concernant les risques, certains sont directement liés au risque industriel , des doctorats universitaires sont consacrés à l’ INCERTITUDE DU RISQUE INDUSTRIEL MAJEUR.
On doit surtout retenir que le risque résulte de l’association d’un danger avec sa probabilité de survenue (encore dite : occurrence).
Le danger, ses effets, faute d’expériences proches des conditions réelles (coûteuses et difficiles à mettre en œuvre) ou pour les raisons dont vous vous doutez, n’est en général validé qu’à la suite de simulations sur ordinateur.
Les données de base, les retours d’expérience permettant de construire les modèles de référence sont essentiellement fournis par l’industriel souvent ‘’hélas !’’-(vous allez comprendre ce hélas) le mieux placé pour les maîtriser mais elles présentent toutefois pour certaines l’inconvénient d’êtres confidentielles pour des raisons de concurrence et sont difficilement accessibles.
La probabilité d’occurrence est obtenue par des raisonnements mathématiques rigoureux, mais qui s’appliquent donc sur des données dont on ne peut que souhaiter qu’elles soient le plus proche possible de la vérité.
Nul besoin d’être Machiavel pour imaginer qu’un industriel indélicat soit tenté d’ « adapter » ces données d’entrées dans le but, à la sortie, d’obtenir des résultats proches de ce qui l’intéresse.
Qu’en est il donc véritablement de l’indépendance des organismes chargés de l’étude des risques en dehors de l’aspect purement mathématique de l’algorithme de calcul ?
Cela d’autant que les spécialistes font remarquer qu’un faible écart sur les données de départ peut conduire à des résultats notablement différents.
J’ai pu recueillir de vive voix, l’avis d’un ami, professeur d’université ayant eu l’occasion de travailler sur le sujet dans son laboratoire de recherche en mathématiques, ses propos sont ceux là, je cite :
« Les mauvaises valeurs sont le plus souvent le fait d’une ignorance du constructeur qui tente d’évaluer certains paramètres de manière approximative… En effet, une catastrophe est presque toujours le résultat d’une suite de défaillances en chaîne. Or si l’on connaît peu ou prou le taux de défaillance de chaque composant, l’influence d’une défaillance sur le comportement des composants connexes est, elle, souvent méconnue, faute de possibilité d’expérimentation…   »
Relevons, pour confirmer ce manque de fiabilité, que l’on s’est aperçu expérimentalement qu’une même étude de risques faite par cinq équipes différentes avait conduit à cinq résultats différents ! (voir le rapport cité précédemment)
 
Les résultats de 4Gas
Au vu des résultats dont il nous fait part (en particulier les fameux 590m   – pourquoi pas 589,7 !!! – retenus comme distance à la source du danger pour être complètement à l’abri, on peut s’interroger sur les modèles retenus en regard du formidable potentiel d’explosion d’une quantité même relativement limitée de méthane pour une exploitation telle que celle prévue au Verdon.
A ces risques évoqués essentiellement à partir d’un accident sur le site portuaire s’ajoutent ceux ,carrément ‘’évacués’’ par 4Gas , du transport maritime et du transport par gazoduc qui, essentiellement pour son trajet sur la Mauvaise pour le premier et la traversée au cœur d’une agglomération pour l’autre ne doivent surtout pas êtres éludés.
 
L’attitude de l’administration sera-t-elle à la hauteur ?
Les personnes responsables des organismes officiels ne peuvent pas ignorer ces rapports incontournables dénonçant une fiabilité parfois illusoire.
Dans le doute et compte tenu des distances aussi serrées, comment pourraient-ils admettre ce projet qui impose des risques, non seulement en tout premier lieu à des enfants dans leur école toute proche (cela se jouerait pour 4Gas à la dizaine de mètres près…Foutaise !). C’est toute la population dans un rayon de plusieurs kilomètres qui doit être protégée, de l’ordre d’une dizaine pour quelques spécialistes ! En effet :
 
Le plus grand danger ne serait pas pris en compte ?
Cette manière de toute façon d’apprécier le risque en terme de probabilité n’empêche pas évidemment le danger d’exister …
Les populations voisines (que l’on vient, avec ce projet, agresser), n’ont peut être pas toutes conscience que la menace existe.
Elle est à l’échelle du gigantisme prévu au VERDON ou des énormes quantités transportées dans un seul méthanier. Cette menace peut prendre, avec toute surpression la forme d’un BLEVE (explosion proportionnelle à l’énergie en cause) ou encore, peut prendre après une fuite : la forme d’un U.V.C.E. (création d’un nuage de vapeur enflammée de très haute température au dessous duquel tout être va être anéanti par brûlure). A l’échelle du projet qui nous préoccupe, les effets pourront êtres meurtriers à des distances incertaines (dans quelle direction et à quelle vitesse se déplacera le nuage UVCE ce jour là ? au dessus de quelle zone se trouvera t il au moment où les conditions vont se réunir pour le déclanchement du flash ? On peut tenter un calcul simple, ce peut être au dessus de Meschers par exemple.
Ainsi, même en admettant (ce qui est loin d’être prouvé) une faible probabilité, CELA PEUT SE PRODUIRE !!! tout de même, la terreur est déjà là, à nos portes, le traumatisme dû à cette perspective existe.
4Gas argue de comparaisons avec des distances faibles acceptées en d’autres lieux mais que vaut donc l’argument ? Nous ne voulons pas suivre ceux qui n’ont pas su écarter les risques ! Et les positions ont évolué sur ce sujet, les faibles distances sont refusées . Les citoyens d’outre Atlantique, eux , ne s’ y sont pas trompés avec leurs exigences d’éloignement (voir l’excellent article de VAILCOUR sur le forum des lecteurs de SUD OUEST consacré au projet de port méthanier). Le maire de BOSTON avoue maintenant craindre le pire.
 
Les arguments d’un véritable risque industriel majeur de grande ampleur
Le11septembre et toutes les autres catastrophes majeures nous en apportent la raison : l’approche probabiliste dont une condition sine qua non est de n’avoir rien oublié dans l’identification des évènements possibles n’a pas fait ses preuves !
En présence d’une population aussi nombreuse à proximité d’éléments détenant autant de potentiel de destruction, il faudrait pouvoir « penser à l’impensable » comme il a été déjà dit dans une revue des assurances.
L’approche probabiliste permet de déculpabiliser (…pensez couvrir) les promoteurs
responsables de désastres industriels  et il y a un lien évident avec les critères retenus par les assurances dont leurs actuaires calculent les primes à partir de résultats probabilistes.
Quoi qu’il en soit, même soignée, l’approche probabiliste de l’identification des risques, très complexe, multicritère, intégrant des avis d’experts forcément subjectifs apparaît indéniablement entachée d’incertitudes.
 
Comment sortir du cauchemar ?    
« On n’en veut pas ! » bien sûr !
Mais il faut exiger de l’administration qu’elle mette en place, pour des cas aussi lourds et litigieux, des GARDE FOUS (les termes semblent adaptés…) par exemple du type du bon vieux coefficient de sécurité qui a la vertu d’être modulable en fonction de la gravité attendue suite à un accident ? Et il y a sûrement d’autres outils…
A moins que l’application du principe de précaution ne s’impose et nous préserve d’une catastrophe !
Notre devoir est de faire comprendre aux différents acteurs qu’en l’état actuel, tout avis et tout comportement pèse très lourd en responsabilité ! La belle synergie de l’association qui a déjà fait ses preuves y parviendra.
    
    
Christian BARRIER
 
Très solidairement et amicalement avec tous les membres de l’association.

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4 commentaires pour contribution d’un adhérent sur la question du danger

  1. RULLIER dit :

    On annonce aux infos de 20 heures sur la 2 que Carlyle groupe serait en faillite de 17 milliards de $ pouvez-vous vous renseigner sur cette information

  2. gonzalez dit :

    ça fait peur non??? Olivier Sarkozy au Carlyle Group Le demi-frère du président de la République française entre à la direction du sulfureux et influent groupe d’investissement.

  3. barrier dit :

    Quelques jours après avoir rédigé cet article, peut être un peu trop long pour être efficace, Je me permets le résumé :    « Nous sommes en droit de refuser  des risques importants et cela d’autant  qu’il est reconnu qu’ils peuvent avoir été évalués avec trop d’incertitudes . (et qui plus est, ici , seulement pour un projet privé.)Au lieu de se laisser imposer des résultats statistiques qui ne protégent que les promoteurs, cherchons plutôt à faire admettre que la seule véritable solution consiste à s’assurer qu’il n’y ait pas de conséquences sur les populations lors d’un accident  et ainsi, dans notre cas, choisir un autre site »                                                                                C.B. 

  4. PODER dit :

    Superbe contribution Christian .Je suis certain qu’elle va vervir de fil rouge à la prise de décision.  Les gens sérieux existent                                                       Eric Poder.