Quelques accidents dont on se souvient…
Ma vie professionnelle m’a conduit successivement de Toulouse, à Lyon, à Nantes, à Châteauroux, et enfin de nouveau à Toulouse. J’ai le souvenir de quelques événements qui ont jalonné mon parcours professionnel, avec pour seule et unique relation une coïncidence de temps et de lieu. Mon but est tout simplement de narrer ces événements tels que je les ai vécus de près ou de loin, avec, sans doute, quelques imprécisions quant aux dates et sans vouloir refaire ce que la presse a déjà relaté.
1ère étape : Toulouse
Rien à signaler, si ce n’est lorsque, le soir, le vent était orienté ouest nord-ouest. Habitant alors au sud-est de Toulouse, je pouvais regarder de mon balcon une grande langue dont les couleurs allaient de l’orange au violet. Elle partait de l’autre côté de la colline de Rangueil, là où se trouvait ce qui s’appelait encore l’ONIA (Office National Industriel de l’Azote, avant de s’appeler par la suite APC et enfin AZF), pour se diriger vers le sud-est, en direction du Lauragais. Si le vent était suffisamment modéré, elle s’étendait sur 20 ou 30 km avant de se disperser. La couleur de ces rejets industriels : un mélange d’oxydes d’azote, plus sans doute quelques autres produits nitrés.
2ème étape : Lyon (1er accident)
C’était en avril 1986. Stupeur aux informations télévisées : la centrale nucléaire de Tchernobyl venait d’exploser. Mais en France, tout allait bien : les cartes météo présentées montraient clairement que le nuage radio-actif ne pouvait pas survoler la France, les vents renvoyant ce maudit nuage vers l’Allemagne et la Suisse. Sans doute les douaniers suisses veillaient-ils aussi à ce qu’il ne passât pas la frontière franco-helvétique ! Moralité : on pouvait manger de tout sans avoir nulle crainte. A cette époque, pendant qu’à Strasbourg, toute denrée était autorisée, de l’autre côté du Rhin, à Kehl, nombre de produits maraîchers étaient interdits à la consommation. Ce n’est que dix ans après cette catastrophe qu’on reconnaissait officiellement sur les ondes que le nuage de Tchernobyl avait survolé une partie de la France, et y avait laissé quelques retombées radio-actives. Toujours est-il qu’à ma connaissance, le tiers Est de la France est contaminé pour trois siècles au césium 137. Conséquence, également, de cet accident : en février 1995, les médecins m’ont donné le choix entre l’ablation de la thyroïde ou le cancer de la même glande. J’ai joué petit, j’ai préféré l’ablation au cancer. Bien sûr, la relation de cause à effet est difficile à prouver, je n’ai d’ailleurs jamais tenté de le faire, à quoi bon, le mal était fait. Mais je reste intimement persuadé que cette relation existe.
2ème étape : Lyon (2ème accident)
Je ne me souviens pas de la date exacte, même de l’année. Ayant été à Lyon de 1985 à 1989, c’était dans ces années-là, peut-être 1987. Je travaillais à Bron. De là, nous vîmes une grande colonne de fumée noire qui montait à la verticale puis qui se dispersait, emportée par le vent en altitude. Au bout de quelque temps, nous avons su de quoi il s’agissait (en ce genre d’occasion, le téléphone fonctionne très bien et très vite). Presque au confluent du Rhône et de la Saône, pas loin de l’extrémité de ce que les Lyonnais appellent la presqu’île, se situe le port Edouard Herriot, avec un certain nombre de cuves contenant des produits pétroliers. Une cuve de pétrole venait d’exploser. Cela aurait pu s’arrêter là. La suite des événements a fait que l’explosion de la première cuve a entraîné l’explosion d’une seconde, et ainsi de suite. Sur je ne sais combien de jours, treize cuves ont successivement explosé, l’explosion d’un cuve provoquant l’explosion de la suivante. A ce stade, après l’explosion de la treizième cuve, un certain nombre de personnalités s’étaient rendues sur les lieux. Il y avait le ministre de l’industrie d’alors et le préfet, entourés d’un certain nombre de directeurs et chefs de service du ministère et de la préfecture. A peine le ministre eût-il annoncé que tout danger était circonscrit et qu’il n’y avait plus de risque, que la quatorzième (et cette fois dernière) cuve explosait à son tour. Ce fut un jolie débandade, du style « courage, fuyons ». De fort méchantes langues auraient dit que, ce jour-là, un record du 100 mètres avait sans doute été battu, mais que, malheureusement, il n’avait pu être homologué ! Hormis les dégâts matériels, je suis incapable de me souvenir des dégâts humains (il y en a eu).
3ème étape : Nantes
4ème étape : Châteauroux
Rien de particulier à signaler (heureusement, il y a parfois des périodes calmes).
5ème étape : Toulouse
C’est là que j’ai terminé ma carrière professionnelle, à l’Ecole Nationale de l’Aviation Civile. Nous sommes le 21 septembre 2001. J’ai cours ce jour-là de 8 heures à 10 heures. Après la fin du cours, je reviens dans mon bureau.
10 h 17
Une secousse assez violente ébranle le sol. Environ trois secondes plus tard, le bruit d’une explosion arrive par l’air. J’en déduis qu’une explosion importante vient de se produire à une distance d’environ 1 km de là où je me trouve. A peine quelques minutes se passent. Ordre d’évacuer les locaux immédiatement, ce que je fais comme tout un chacun. Tout le monde se retrouve dans la cour de l’école. A partir de ce moment-là, la démesure dans les propos ne connaît plus de limite. Rappelons que nous sommes dix jours après la date funeste du 11 septembre, les esprits sont encore largement sous le choc. Tous ceux qui ont des téléphones portables tentent de joindre des gens qu’ils connaissent. Chacun obtient des informations non vérifiables, et complètement contradictoires. Il y aurait eu une explosion à tel endroit, à tel autre ; ce n’est pas une, mais deux, bientôt dix, voire vingt explosions simultanées qui auraient eu lieu. Les endroits où se situeraient ces explosions vont du centre ville à une bonne partie de la périphérie. On parle de Ben Laden !
10h30 (approximativement)
Un nuage, en forme de champignon, s’élève au-dessus de Toulouse. Il est de couleur orangée. Les souvenirs reviennent alors très vite, entre ceux de mes débuts à Toulouse et ceux de mes cours de chimie d’antan. Cette couleur orangée, c’est celle d’un oxyde d’azote. Lorsque je dis qu’AZF vient d’exploser (j’en suis absolument certain), on ne me croit pas. Qu’importe, je prends ma voiture, et je quitte les lieux tel le rat qui abandonne le navire, pour rentrer chez moi.
Bien sûr, dans la voiture, j’écoute la radio (France Info). Le journaliste fait un excellent travail, ne donnant que des informations certaines et mettant tous les conditionnels nécessaires pour tout ce qui n’est pas scrupuleusement vérifié. Arrivé chez moi, la télévision est en marche immédiatement. Je ne m’occupe presque pas du reste.
En tout, je reçois deux appels téléphoniques qui ont pu passer, mais qui sont vite interrompus. Bien qu’habitant à plusieurs dizaines de kilomètres de Toulouse, toutes les lignes téléphoniques sont saturées et sans doute un grand nombre d’entre elles bloquées pour la nécessité du moment.
Au fil des heures, on apprend ce qui s’est passé. C’est bien AZF qui a explosé. Une onde de choc s’est propagée depuis le lieu de l’explosion dans toutes les directions dont le centre ville.
Quant au nuage de gaz qui s’est élevé au-dessus de Toulouse, il est, par chance, entraîné vers le nord-ouest grâce à un léger vent d’autan, ce qui évite qu’il ne retombe sur Toulouse, fort heureusement, car les oxydes d’azote sont plus lourds que l’air et, parmi eux, se trouve celui qui a été surnommé « gaz hilarant » qui provoque des réactions imprévisibles (rires incontrôlés, pleurs sans raison, etc…). Je n’ose imaginer les conséquences si un tel nuage était retombé sur une population de plusieurs centaines de milliers de personnes !
La situation géographique, pour mieux comprendre la suite
On a, orientée grossièrement nord-sud, la colline de Rangueil sur laquelle se trouve l’hôpital du même nom, à l’ouest l’usine AZF, à l’est, l’ENAC (Ecole Nationale de l’Aviation Civile).
Conséquences locales
A l’ENAC, quelques dégâts infimes (l’ENAC se trouve protégée de l’explosion par la colline de Rangueil), par contre, à l’hôpital de Rangueil, toutes les façades orientées vers l’ouest subissent la violence du choc, de ce fait, il devient inutilisable pour soigner les nombreux blessés, c’est l’hôpital Purpan qui assure seul toute la partie médicale. Un peu plus au nord, la faculté dentaire. Mon dentiste d’alors y est maître de conférence et il est ce jour-là et à cette heure-là dans son bureau. Après la première secousse (par le sol), il a le réflexe, ou l’opportunité, de se pencher pour prendre un quelconque papier dans un tiroir de son bureau, ce qui lui vaut de ne pas être lacéré par les vitres qui volent en éclats (la faculté dentaire n’est pas sous la protection de la colline de Rangueil).
Quelques explications supplémentaires
On a cru qu’il y avait eu un certain nombre d’explosions plus ou moins simultanées dans Toulouse et à la périphérie. Il est certain que dix jours après le 11 septembre, on pouvait s’attendre à tout. Ce n’étaient, en fait, que des conséquences de l’explosion d’AZF.
Un exemple : la vitrine d’un grand magasin, vers le centre ville, explose vers l’extérieur.
Première déduction immédiate : une bombe a été placée à l’intérieur. En creusant un peu le problème, on ne trouve pas de trace de substance explosive à l’intérieur.
Une onde de choc s’est propagée, avec une surpression importante. La vitrine, qui est conçue pour résister à des coups voire des impacts d’objets divers, subit cette surpression, plie vers l’intérieur, mais ne rompt pas. Arrivée à sa déformation maximale, elle se comporte comme un ressort, plie cette fois vers l’extérieur et explose (elle est moins résistante dans un sens que dans l’autre et la surpression est suivie d’une dépression).
Les dégâts collatéraux de l’explosion d’AZF sont, en règle générale, assez similaires, avec des différences plus ou moins importantes selon l’orientation des rues : dégâts importants dans une rue, presque rien dans les rues perpendiculaires, cela selon la manière dont l’onde de choc s’est propagée.
Ces explications ne changent rien quant aux conséquences de l’explosion d’AZF. Entre les morts, les blessés et les dégâts psychologiques et matériels, le bilan est lourd, trop lourd.
Pourtant, certains laissaient croire qu’il n’y avait pas de risque à AZF, ou que les risques étaient minimes et toujours contrôlés !
Honnêtement, il m’a fallu plusieurs années pour repasser par la partie de rocade qui longe l’ancien site AZF.
Si, au Verdon, c’est : « On n’en veut pas ! »
A Toulouse, c’est : « Plus jamais ça ! »
Georges GRENIER
bonjour,L’association se veut apolitique et je défendrai toujours ce sacro saint principe.Cela étant la campagne pour les municipales ne doit pas nous laisser dans une neutralité angélique !!!!!!……Les errements les faux-fuyants, des candidats non opposés au méthanier doivent être fustigés par l’associationiL FAUT SAVOIR QUI EST QUI ?…..ET QUI FERA QUOI AVEC LE PAB et ses alliés carlyle et la cciM.Bidalun; attends le bon vouloir des hollandais » votez d’abord on verra après » .Pour rassurer il propose m^me un bis répétita pour le débat public sans doute pcq u’il n’a pas participé au premier. Au fait avant ou après la construction ?… avec ou sans les résidents secondaires ?….M.Vignes ne sait toujours pas quoi penser !!…… en proie à d’intenses et longues réflexions ( puisqu’elles durent depuis 2006 date de la signature du compromis ) après tout le verdon a aussi une vocation industialoportuairemachinchose !!!! » on prends les m^mes et on recommence « Mais quid d’un verdon massacré et menacé alors là ?……Pour ma part il faut exiger une position nette et sans ambiguités et demander que le premier acte municipal soit un vote d’opposition.Et s’engager résolument dans la démarche des deux rives pour la protection défintive de l’estuaireJe propose dailleurs que la première réunion du conseil se tienne SYMBOLIQUEMENT ET PUBLIQUEMENTsur la plage de la chambrette.